MESSAGE
SUR
L'UNITÉ  FRANÇAISE
7     AVRIL     1941


FRANÇAIS !             

LA première loi du patriotisme est le maintien de l'unité de la Patrie.

             Si chacun prétendait se faire une idée particulière de ce que commande le devoir patriotique, il n'y aurait plus ni Patrie ni Nation.

             Seules subsisteraient des factions au service d'ambitions personnelles. La guerre civile, le morcellement du territoire, des discordes fratricides seraient la suite naturelle de cette division des esprits.

             En vous rappelant cette loi sacrée de l'unité de la Patrie, ce devoir de discipline, je ne fais que suivre l'exemple de tous les Chefs qui ont dirigé la France dans les heures douloureuses.

             Sous aucun régime depuis que la France existe, aucun Gouvernement n'a accepté que le principe de l'unité nationale fût mise en cause. Henri IV, Richelieu, la Convention Nationale ont écrasé, sans faiblesse, les menées qui tendaient à diviser la Patrie contre elle-même.

             Jeanne d'Arc fut l'héroïne de l'unité nationale.

             L'orgueil de la France, c'est non seulement l'intégrité de son territoire, c'est aussi la cohésion de son Empire.

             Le lien qui en unit, si étroitement, les éléments les plus divers ce sont les luttes, les sacrifices des meilleurs de vos fils qui l'ont créé.

             Mais voici qu'une propagande subtile, insidieuse, inspirée par des Français, s'acharne à le briser. Un instant suspendus, les appels à la dissidence reprennent, sur un ton chaque jour plus arrogant. L'oeuvre de mon Gouvernement est attaquée, déformée, calomniée.

             Je défends mon Gouvernement.

             Il y a cinq mois, j'envoyais en Afrique le Chef le plus distingué de notre Armée. A Alger, à Rabat, à Tunis, à Dakar, le Général Weygand a fièrement montré ce qu'est et doit être l'unité française.

             Il y a un mois, j'ai convié aux grandes responsabilités du pouvoir le Chef de notre Marine. Je le sais passionné de l'honneur et de l'intégrité de la France. L'Amiral Darlan a toute ma confiance.

             L'honneur nous commande de ne rien entreprendre contre d'anciens alliés.

             Mais l'intégrité du pays exige que soient préservées les sources de notre ravitaillement vital, que soient sauvegardés les postes essentiels de notre Empire.

             C'est contre ces nécessités que s'insurgent chaque jour les propagandistes de la dissidence.

             La dissidence est née en juin 1940 du sursaut des Français d'Outre-Mer qui les poussait à poursuivre la lutte, du sentiment que la France ne saurait, sur son propre sol, entreprendre l'oeuvre de redressement nécessaire.

             A cette première erreur mise à profit par les chefs de la dissidence, se sont bien vite joints la volonté d'exploiter le désarroi des Français d'Outre-Mer, l'espoir de dresser le Pays par un constant appel à l'indiscipline contre l'effort de relèvement national.

             Du sang français a déjà coulé dans des luttes fratricides. C'en est assez.

             A tous ceux qui, loin de la Mère Patrie ou dans la brousse équatoriale, ont résisté courageusement aux appels, aux pressions, aux menaces, j'adresse l'expression de la reconnaissance nationale. J'ajoute que la Patrie reste ouverte à toutes les fidélités.

             Aux Français qui s'interrogent et doutent, je demande de mesurer les progrès que notre Pays a réalisés depuis neuf mois ; entre ces réalisations et les promesses trompeuses de la dissidence, leur choix sera vite fait.

             Pour un Français, il n'y a pas d'autre cause à défendre ni à servir que celle de la France.

             Si nous devons espérer, notre espoir est en nous. Il est en nous seuls. Il est dans notre attachement à notre sol, dans notre volonté de vivre, dans la fraternité étroite qui nous tient tous solidaires et unis.

             Il n'y a pas plusieurs manières d'être fidèles à la France.

             On ne peut pas servir la France contre l'unité française, contre l'unité de la Mère-Patrie et de l'Empire.

             Mon Gouvernement est pleinement et absolument d'accord avec moi.

             Il n'y a, aujourd'hui comme hier, qu'une France : c'est celle qui m'a confié son salut et son espoir.

             Servez-la avec moi de tout votre coeur. Par là et par là seulement, nous assurerons son destin.



 

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