APPEL
POUR  L'AIDE
AUX  RÉFUGIÉS  LORRAINS
30  NOVEMBRE  1940


FRANÇAIS !             

DEPUIS le 11 novembre, 70.000 Lorrains sont arrivés en zone libre ayant dû tout abandonner : leur maison, leurs biens, leur village, leur église, le cimetière où dorment leurs ancêtres, tout ce qui fait enfin l'intérêt de la vie.

             Ils ont tout perdu, ils viennent demander asile à leurs frères de France.

             Les voici au seuil de l'hiver, sans ressources, n'ayant plus comme richesse que la fierté de rester Français. Ils acceptent pourtant leur malheureux sort sans se plaindre, sans récriminer.

             Ce sont des Français de grande race, à l'âme énergique, au coeur vaillant.

             Un grand nombre d'entre eux sont des paysans. Installés au voisinage des frontières, ils ont, au cours des siècles, souffert plus que d'autres des rigueurs de la guerre. Je ressens, comme vous le ressentez vous-même, toute leur peine.

             Le Gouvernement fait ce qui est en son pouvoir pour soulager leur infortune et leur fournir les moyens de vivre et de travailler.

             Mais les Lorrains méritent mieux ; il faut que l'accueil qui leur est fait soit l'accueil du coeur, celui que l'on réserve à des frères et à des parents aimés.

             Que chacun s'ingénie à leur faire retrouver, là où ils seront placés, la douceur d'un foyer et l'ambiance de la grande amitié française.

             Déjà, diverses propositions concernant propriétés, maisons, exploitations sont parvenues au Service des Réfugiés.

             Il faut, en plus, que dans chaque département d'accueil, vous recherchiez tout ce qui peut leur être offert pour adoucir leur sort. Partis avec pécule infime et un maigre bagage, tout leur manque.

             Que chacun de vous s'efforce donc de les aider, de les réconforter, de leur fournir du travail dans toutes les activités où ils peuvent s'employer. Que tout cela soit fait avec un enthousiasme ardent afin qu'ils sentent autour d'eux sympathie et affection.

             De cet effort de solidarité à l'égard de compatriotes malheureux, nous sortirons meilleurs et plus unis.

 




 

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